Le premier trimestre 2018 va voir se généraliser l’usage du DMP (dossier médical partagé) qui a aura été préalablement testé dans 9 départements. Son utilité est facile à démontrer.

Ce qui pose aujourd’hui problème aux professionnels de santé, ce n’est pas tant le partage des données que l’appropriation des informations qu’ils sont amenés à saisir. Un praticien a pour habitude de considérer qu’un patient lui est attaché. Cette notion de propriété est d’autant plus répandue que, depuis plusieurs années, l’obligation d’avoir déclaré un « médecin référent » implique un devoir pour ce dernier de coordonner, animer, gérer la prise en charge et le parcours de soin de « son » patient. Ce qui sous-entend que, par la nature de son rôle de « référent », le médecin n’a pas envie de partager et, jusqu’à présent, n’y était pas non plus incité. Le toubib de famille ne se voit pas comme un fournisseur d’information mais il s’approprie les choses. Il est donc le récepteur privilégié d’une information personnelle, privée, quant à laquelle il est, en outre, tenu à l’un des devoirs de secret professionnel (secret médical), les plus farouchement garantis… Le patient y est d’ailleurs particulièrement attentif et, dans les faits, pour des raisons de confidentialité des données de santé, on peut considérer qu’il a parfaitement raison.

Le blocage est donc culturel et sociétal. Culturel parce que c’est ainsi que le système de santé fonctionne depuis toujours, ce qui permet un niveau de confiance maximal entre le patient et le médecin. Sociétal dans le sens où l’on forme le médecin dans des « silos » de diverses spécialités. Le médecin généraliste est docteur en médecine, le spécialiste de l’organe a un autre rôle, l’infirmier, le psy etc… Ces « silos » sont à l’origine de cloisonnements naturels et le partage des données de santé doit répondre à une transversalité qui peut sembler contre-nature.

Aujourd’hui, le seul élément qui passe d’un « silo » à l’autre est le patient. Aujourd’hui, il a l’impression d’être dans un système dont le défaut majeur est le manque – voire l’absence – de communication entre les différents professionnels de santé.

Pour Xavier Augay, président de la start-up Icanopée, « le principal frein de l’échange de données entre professionnels de santé, c’est l’appropriation du patient, le fait que le médecin traitant entende capitaliser dessus et, par ailleurs, le fait d’échanger les données rend bien entendu le patient plus libre et plus à même d’être à l’aise dans ses mouvements. »

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