POUR : Dr Philippe VERMESCH, président du SML (Syndicat des médecins libéraux)

« Je ne l’utilise pas aujourd’hui à titre personnel parce que je ne suis pas dans un département test. Mais ce qui est certain, c’est que le DMP répond à une demande et à des besoins. C’est une bonne chose à condition qu’il soit relativement simple et accessible facilement. Il faut surtout qu’il soit interconnectable avec le « logiciel métier » pour éviter au maximum la double saisie. Cela va nécessiter je pense des adaptations mais les médecins ont déjà dans leur logiciel toutes les données d’état civil de leurs patients, ils ont à priori tout ce qui relève de la sécurité sociale (longue maladie, taux de prise en charge etc.) Il leur faut donc aussi l’aspect médicamenteux (traitement suivi) et tous les examens complémentaires. La convergence avec le dossier pharmaceutique sera un plus aussi.

Le fait que le DMP soit sous le contrôle du patient, à titre personnel, ne me dérange pas plus que cela puisque nous sommes soumis au secret professionnel et il y a donc une certaine confiance. Selon ce même principe, on devrait donc pouvoir ouvrir le DMP en dehors de la présence du patient.

Je suis assez enthousiaste quant au DMP. En tant que spécialiste (stomatologue), je reçois deux fois sur trois des patients qui n’ont pas de lettre. Quand ils sont envoyés par un dentiste, par exemple, ils ne connaissent pas la pathologie ni le traitement. Au moins avec le DMP, on aura une vue synthétique, un suivi facilité. »

 

CONTRE : Dr Claude LEICHER, président de MG France (Syndicat des médecins généralistes)

« Le dossier professionnel patient et le DMP vont faire doublon. Un médecin n’a ni l’envie ni le temps de tenir deux dossiers différents, le DMP n’est pas le dossier de travail du médecin traitant. Et il ne le sera pas. Le DMP est sous la responsabilité du patient qui a le droit de masquer des données ou de les retirer. Heureusement, il ne pourra rien cacher à son médecin traitant, ce qui est assez cohérent avec les fonctions et responsabilités de ce dernier.

En outre, notre dossier professionnel est en train d’évoluer pour devenir partagé (DPP), comme c’est déjà le cas dans les maisons de santé mais c’est aussi possible pour n’importe quel médecin du territoire.

Nous ne nous occupons pas du DMP. Quasiment personne ne le consulte et les dossiers qui y sont ouverts sont presque tous vides puisqu’ils sont ouverts en tant qu’indicateurs de bonnes pratiques améliorant leur rémunération pour un certain nombre de personnels de santé (rémunération sur objectifs de santé publique).

Dans ce contexte, le DMP n’a pas d’avenir et son intérêt est nul… sauf à servir de bibliothèque de dépôt pour les patients. On y met des documents en pdf et une fois qu’ils sont dedans on ne peut plus ni les modifier ni effectuer de recherche par mots-clés. Ce n’est pas moderne et nous ne gagnerons pas de temps s’il faut lire des documents pdf en mode image, qu’on ne peut même pas copier-coller.

C’est une position partagée par 95% des médecins qui n’ont jamais mis le nez dans le DMP. Certains ont essayé et ont été plus ou moins satisfaits. Mais je ne connais aucun médecin en France qui utilise le Dossier médical partagé comme un dossier professionnel. »

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