Cette mise en service généralisée du DMP en 2018 vous réjouit-elle ?

Oui mais ça fait juste 15 ans qu’on attend et je n’ai toujours pas compris pourquoi ce dispositif, qui est pourtant dans l’intérêt du patient, n’a pas été mis en place plus tôt. Alors que tout le monde dit que c’est nécessaire et utile à tous.

Comment voyez-vous sa mise en place d’un point de vue pratique ?

Il est important que le DMP soit compatible avec nos dossiers et que cela ne nous donne pas du travail en plus. Je voudrais aussi que ce qui se trouvera à l’intérieur soit une bibliothèque accessible, c’est-à-dire des documents triés et indexés. Ainsi, chaque médecin depuis n’importe quel lieu en France devrait pouvoir retrouver les bons documents aux bons moments. Parce que, si l’on a 2500 documents pour un seul patient, on ne les consulte jamais. Les solutions comme celle d’icanopée sont très intéressantes parce qu’elles évitent la double saisie.

Comment concevez-vous le partage des données de santé ?

Il faut que tout le monde puisse alimenter le dossier et que le médecin soit celui qui fera la synthèse. Mais il est aussi indispensable que toutes les informations arrivent : un vaccin fait par un infirmier, une consultation chez un spécialiste qui devra donner lieu à un résumé de consultation placé immédiatement dans le dossier…

Que pensez-vous du principe selon lequel le patient restera maître du contenu du DMP ?

Je pense que c’est une bêtise. Même les associations le reconnaissent. Ce n’est pas au patient d’intervenir dans le dossier. En revanche, il doit être au courant de ce que contient son dossier, en discuter avec son médecin. Le praticien n’y entrera des données qu’avec l’accord du patient. Mais par contre, il ne faut pas que ce soit le patient qui décide de ce qui doit s’y trouver. Les politiques qui sont décisionnaires ont subi la pression des patients et reconnaissent qu’aujourd’hui c’est une bêtise ! Mais heureusement que 99,9% des patients sont des gens intelligents et ne poseront pas de problèmes. Bien sûr, il y aura des difficultés avec les pathologies psychiatriques mais nous avons déjà des problèmes avec ces patients-là, de toute façon.

Pour vous, le DMP sera-t-il un gain de temps, une source de simplification de votre travail ?

Je ne suis pas certain que cela puisse me faire gagner du temps mais cela devrait permettre d’avoir des soins de meilleure qualité, des consultations plus efficaces.

Et la convergence avec le dossier pharmaceutique, est-ce important à vos yeux ?

Bien sûr ! Il faut que tous les médicaments que les patients ont achetés ou qu’ils ont chez eux soient également consignés, d’où la nécessaire convergence avec le Dossier pharmaceutique. Souvent, un patient nous dit que « la crème dans la boîte jaune, c’était vachement bien ». Débrouillez-vous avec ça ! Moi je ne sais pas ce que c’est que cette boîte jaune…

D’après vous, que faudrait-il faire pour améliorer encore davantage le système ?

Optimiser l’ergonomie avec nos logiciels, en « drain and drop » indexé. Et comme nous allons avoir des milliers de dossiers à créer, l’idéal serait que les patients puissent ouvrir eux-mêmes leurs dossiers, ou bien les pharmaciens. Je me vois mal ouvrir tous les dossiers de mes patients lors des consultations, ce serait vraiment fastidieux ! Mais de toute façon, l’ouverture des dossiers ne sera un problème que dans les premiers mois.

 

Propos recueillis par Gil Beucher pour  © 2017
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